Mais qui est Yezi L'escroc ? Habitant d'Orly City et membre de l'Africaine Mafia (du moins à l'époque) discret, on l'a souvent entendu lors des freestyles de la Mafia K'1 Fry à l'ancienne. Pourtant, lorsque l'on cite son blaze, (trop) peu nombreux sont ceux qui peuvent répondre à ça. Il n'était pas le seul dans le collectif à se retrouver écrasé par d'autres membres mis plus en avant, néanmoins. Bref, en 2001, six albums solos de membres de la Mafia K'1 Fry sont sortis : "Contenu Sous Pression" de Karlito, "I Have A Dream" d'Intouchable, "Si C'était À Refaire" de Kery James, "Vitry Club" d'OGB, "113 Fout La Merde" du 113 et enfin, l'objet de cette chronique, "Les Choses De La Vie" de Yezi L'escroc. Grosse année pour le collectif, donc. Difficile aussi de se démarquer entre toutes ses sorties...
L'album démarre en puissance, violons, scratchs et une première phase qui nous avait marqué lors d'un certain freestyle radio en '97 "Accroche-toi à ma rime, car ça risque d'être violent, à diffuser tard le soir, interdit aux moins de seize ans". On enchaine ensuite avec le morceau "Trop De Rêves", entre nostalgie et rêves brisés. "Les Vieux De La Vieille", accompagné de Manu Key, egotrip et fierté d'arborer un style à l'ancienne "Une chemise en laine, des Weston qui brillent". "La Rage Du Ghetto" décrit tristement le monde qui entoure Yezi, nuancé par le plus positif "Le Dernier Cowboy" où il s'apparente à un hors la loi ayant remplacé son calibre par un cromi et compare sa zone et le Rap comme l'Ouest américain de l'époque. Le MC D'Orly nous parle de son envie de s'envoler avec la femme qu'il a à ses côtés (la devinée charmante demoiselle de la pochette ?), tout en restant réaliste "tu veux que je décroche la lune, mais j'ai même pas la fusée...", appuyé par un refrain interprété par une belle voix féminine dans "Donne Moi Du Rêve". "Les Choses De La Vie" parle de la vie en général, le tout dans un style qui lui est propre. "Qu'on parle de moi", titre intéressant et bien produit où celui que l'on nomme L'escroc décrit ses rêves de gloire, son envie de s'en sortir via la musique avec tout ce que ça implique "...je ne veux pas le nirvana, j'demande pas grand chose, je veux juste que ma vie devienne un peu plus rose", "je veux être aimé et devenir l'idôle des filles de vingt ans, qu'elles me trouvent beau, doué et même intelligent...". "Il En Faut Peu", épaulé d'une Diam's à l'ancienne (la vraie, on aurait envie de dire) conte combien les choses tiennent à pas grande chose et que tout est vite arrivé. Le MC se projette dans un avenir où il aurait percé, réussi puis chuté, serait finalement retourné à la case départ et s'interroge si l'entourage ne s'en retrouverait pas réduit dans "Quand J'serai K.O." L'album se clos avec "Rien À Perdre", "Narrateur Des Derniers Temps", un des morceaux les plus sincères de l'album, puis, en douceur avec une outro purement instrumentale, hormis la désormais connue citation d'un certain film.
Malheureusement, dans la vie, il arrive que les gens n'aient pas ce qu'ils méritent. Il ne serait pas "too much" de placer Yezi dans cette catégorie de personne. L'album ayant essuyé un échec commercial, le MC s'est éloigné de la Mafia K'1 Fry et tout simplement du Rap. Quoi qu'il en soit, on retiendra de Yezi L'escroc une écriture correcte et honnête, son style entre ambitions et désillusions et un album de bonne facture.
16/20.
Dernière édition par Demha Fassa le Ven 28 Aoû - 21:42, édité 11 fois